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L'Internationale
(Интернационал)


(français)

Paroles: Eugène Pottier
Musique : Pierre Degeyter

Au citoyen Gustave Lefrançais, membre de la Commune

Debout! les damnés de la terre!
Debout! les forçats de la faim!
La raison tonne en son cratère,
C'est l'éruption de la fin.
Du passé faisons table rase,
Foule esclave, debout! debout!
Le monde va changer de base:
Nous ne sommes rien, soyons tout!

Refrain:

C'est la lutte finale
Groupons-nous, et demain,
L'Internationale
Sera le genre humain. (bis)

Il n'est pas de sauveurs suprêmes:
Ni Dieu, ni César, ni tribun,
Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes!
Décrétons le salut commun!
Pour que le voleur rende gorge,
Pour tirer l'esprit du cachot,
Soufflons nous-mêmes notre forge,
Battons le fer quand il est chaud!

L'État comprime et la loi triche;
L'Impôt saigne le malheureux;
Nul devoir ne s'impose au riche;
Le droit du pauvre est un mot creux.
C'est assez languir en tutelle,
L'Égalité veut d'autres lois;
«Pas de droits sans devoirs, dit-elle,
Égaux, pas de devoirs sans droits!»

Hideux dans leur apothéose,
Les rois de la mine et du rail
Ont-ils jamais fait autre chose
Que dévaliser le travail.
Dans les coffres-forts de la bande
Ce qu'il a créé s'est fondu.
En décrétant qu'on le lui rende
Le peuple ne veut que son dû.

Les rois nous soûlaient de fumées,
Paix entre nous, guerre aux tyrans!
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l'air et rompons les rangs!
S'ils s'obstinent, ces cannibales,
A faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux.

Ouvriers, paysans, nous sommes
Le grand parti des travailleurs;
La terre n'appartient qu'aux hommes,
L'oisif ira loger ailleurs.
Combien de nos chairs se repaissent!
Mais, si les corbeaux, les vautours,
Un de ces matins, disparaissent,
Le soleil brillera toujours!

1871/1887


Vérsion originelle de 1871
(Оригинальная версия 1871 года)


C'est la lutte finale,
Groupons-nous et demain
L'internationale
Sera le genre humain.

Debout! l'âme du prolétaire!
Travailleurs groupons-nous enfin,
Debout! les damnés de la terre!
Debout! les forçats de la faim!
Pour vaincre la misère et l'ombre
Foule esclave, debout! debout!
C'est nous le droit, c'est nous le nombre:
Nous qui n'étions rien soyons tout.

Il n'est pas de sauveurs supêmes,
Ni dieu, ni césar, ni tribun.
Travailleurs sauvons-nous nous-mêmes
Travaillons au salut commun.
Pour que les voleurs rendent gorge,
Pour tirer l'esprit du cachot,
Allumons notre grande forge!
Battons le fer quand il est chaud!

Les rois nous soûlaient de fumées
Paix entre nous! guerre aux tyrans!
Appliquons la grève aux armées
Crosse en l'air! et rompons les rangs!
Bandit, prince, exploiteur ou prêtre
Qui vit de l'homme est criminel;
Notre ennemi c'est notre maître:
Voilà le mot d'ordre éternel.

L'engrenage encore va nous tordre:
Le capital est triomphant:
La mitrailleuse fait de l'ordre
En hachant la femme et l'enfant.
L'Usure, folle en ses colères
Sur nos cadavres calcinés
Soude a la grève des salaires
La grève des assassinés.

Ouvriers, paysans, nous sommes
Le grand parti des travailleurs;
La terre n'appartient qu'aux hommes,
L'oisif ira loger ailleurs.
C'est de nos chairs qu'ils se repaissent!
Si les corbeaux, si les vautours,
Un de ces matins, disparaissent...
La terre tournera toujours.

Qu'enfin le passe s'engloutisse!
Qu'un genre humain transfiguré
Sous le ciel clair de la Justice
Murisse avec l'épi doré!
Ne crains plus les nids de chenilles
Qui gâtaient l'arbre et ses produits
Travail, étends sur nos familles
Tes rameaux tout rouges de fruits.

1871


Эжен Потье (1816-1887), анархист, участник баррикадных боев Парижской коммуны, набросал первый вариант текста «Интернационала» в июне 1871 года в Париже, скрываясь от полиции. В 1887 году он опубликовал его в своем сборнике «Революционные песни», уже в новой привычной редакции.

Пьер Дегейтер (1848-1932), бельгиец, работал в Лилле мебилировщиком и резчиком по дереву. Также руководил самодеятельным хором «Рабочая лира». Одной из песен, написанных им для хора, стал «Интернационал». Впервые песня исполнена в Лилле 23 июня 1888 года.

Получивший распространение русский текст (перевод первого, второго и шестого куплетов оригинала) впервые опубликован анонимно в журнале русских социал-демократов "Жизнь" (Лондон-Женева) в 1902 году, его автором в середине 1920-х гг. был объявлен Аркадий Коц.


Подробности

Эжен Потье родился и умер в Париже (4 октября 1816 - 6 ноября 1887), похоронен на кладбище Пер-Лашез. Художник по ткани, поэт, женат, имел детей, член Первого Интернационала, анархист. Был в ссылке в США. Сражался на баррикадах Парижской Коммуны в мае 1871 года, затем ушел в подполье. В июне написал "Интернационал". Окончательный вариант текста был опубликован в 1887 году. В 1888 году в Лилле бельгиец Пьер Дегейтер по просьбе городского мэра (!) Густава Делори написал музыку. Впервые песня исполнена в Лилле 23 июня 1888 года. В 1894 году Арманд Госслен, секретарь мэрии городка Кодри (Caudry) на севере Франции издал песню за свой счет, в результате чего был обвинен "в призыве к дезетирству, неподчинению и убийству в армии" и приговорен к году тюрьмы и штрафу в 100 франков. Песня бытовала на севере Франции; всеобщую известность получила после того, как Анри Гескьер исполнил ее на социалистическом конгресс в Париже в 1899 году.

Укороченный "Интернационал" с русским текстом 1902 года был гимном СССР до 1944 года, затем остался как гимн КПСС.